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Amenager une terrasse exterieure : idées d’architecte pour optimiser confort, lumière et intimité en ville

Amenager une terrasse exterieure : idées d’architecte pour optimiser confort, lumière et intimité en ville

Amenager une terrasse exterieure : idées d’architecte pour optimiser confort, lumière et intimité en ville

Une terrasse en ville, c’est souvent un luxe. Mais entre le vis-à-vis, le bruit, le manque de soleil ou au contraire sa surexposition, elle peut vite devenir un espace peu utilisé. En tant qu’architecte, je vois pourtant ces mètres carrés extérieurs comme une véritable pièce en plus, à condition de la penser avec la même exigence que l’intérieur.

Dans cet article, je vous propose d’aborder votre terrasse comme un mini projet d’architecture : optimiser le confort, maîtriser la lumière et préserver l’intimité, même en plein cœur de Lyon (ou de n’importe quelle grande ville). Pas besoin forcément de gros travaux, mais une bonne stratégie.

Comprendre l’orientation de votre terrasse : le point de départ

Avant de choisir le moindre mobilier ou la moindre plante, il faut comprendre comment votre terrasse vit au fil de la journée. C’est votre « étude de site », en version urbaine.

Observez pendant quelques jours :

  • À quelles heures la terrasse est-elle ensoleillée ?
  • Où le soleil se lève-t-il et se couche-t-il par rapport à votre façade ?
  • Y a-t-il des immeubles ou des arbres qui créent de l’ombre à certains moments clés (midi, fin d’après-midi) ?
  • D’où viennent les vents dominants ?
  • Quels sont les bruits les plus gênants (rue, voisins, commerce…) ?
  • En fonction de l’orientation, les usages à privilégier ne seront pas les mêmes :

  • Terrasse orientée Est : idéale pour les petits-déjeuners au soleil et les matinées lumineuses. En été, elle reste plus fraîche l’après-midi.
  • Terrasse orientée Sud : plein soleil une grande partie de la journée. Confortable en hiver, mais à protéger en été (ombre indispensable).
  • Terrasse orientée Ouest : soleil en fin de journée, souvent très agréable pour les apéros et dîners, mais parfois brûlant en été.
  • Terrasse orientée Nord : peu de soleil direct, mais fraîche et agréable en été. On misera sur une ambiance cosy et bien éclairée.
  • Cette analyse vous permettra de placer intelligemment vos zones de vie : coin repas, coin détente, jardinières, protections solaires… Rien n’est laissé au hasard.

    Penser la terrasse comme une pièce en plus

    Une terrasse réussie n’est pas un simple assemblage de mobilier et de plantes. C’est un espace cohérent, avec ses fonctions, ses circulations, ses perspectives. Imaginez-la comme une extension du salon, de la cuisine ou de la chambre qu’elle prolonge.

    Je conseille généralement de définir une à deux fonctions principales, plutôt que de vouloir tout faire sur 8 ou 10 m² :

  • Une salle à manger d’été : table confortable, circulation fluide autour, accès direct à la cuisine si possible.
  • Un salon extérieur : banquettes, fauteuils, tables basses, éclairage doux.
  • Un jardin urbain : plantation structurée, espace de pause, éventuellement un petit coin potager.
  • Un espace mixte : coin repas compact + assises modulables qui servent à la fois pour manger et se détendre.
  • La clé, c’est de garder des circulations lisibles : on doit pouvoir accéder facilement à la table, aux assises, à la porte-fenêtre, sans zigzag permanent entre pots et chaises. En architecture, on parle souvent de « respiration » : votre terrasse en a besoin autant qu’un salon.

    Créer des zones : délimiter sans cloisonner

    Sur une petite surface, on pourrait croire que tout doit rester ouvert. C’est l’inverse : de légères délimitations rendent l’espace plus lisible et plus confortable.

    Quelques outils efficaces :

  • Les tapis d’extérieur : un tapis sous la table à manger ou le coin salon donne immédiatement une fonction à la zone, sans prendre de place visuelle.
  • Les différences de hauteur : un banc intégré, une jardinière surélevée, un plancher terrasse légèrement différent du revêtement existant… Tout cela structure l’espace.
  • Les éléments verticaux légers : claustras ajourés, treillis, panneaux en bois ou métal perforé. Ils délimitent sans enfermer.
  • Les bancs et coffres : disposés en angle, ils créent des lignes claires, tout en ajoutant du rangement.
  • L’idée n’est pas de cloisonner, mais de donner à chaque zone une identité, pour que l’on sache intuitivement où s’asseoir, où manger, où circuler.

    Maîtriser la lumière : ombre, soleil et ambiance du soir

    En ville, on se bat parfois pour un rayon de soleil… jusqu’au jour où la terrasse se transforme en fournaise. L’important, c’est de pouvoir doser.

    Pour gérer l’ensoleillement, plusieurs solutions architecturales existent :

  • Store banne : efficace, rétractable, souvent autorisé par les copropriétés, surtout côté cour ou façade arrière. À vérifier dans votre règlement.
  • Voiles d’ombrage : esthétiques, légères, elles créent des jeux de lumière intéressants. À fixer solidement, surtout en hauteur et en ville (vent).
  • Pergola légère : autoportante ou adossée au mur, en bois ou métal, éventuellement avec canisses, lames orientables ou plantes grimpantes.
  • Parasol déporté : solution mobile et flexible, mais attention à l’encombrement et à la stabilité.
  • Sur une terrasse surchauffée, je conseille souvent un mix : une zone bien protégée (pour déjeuner même en été) et une zone plus ensoleillée (idéale en intersaison). Vous créez ainsi différents « climats » sur quelques mètres carrés.

    La lumière ne se limite pas au soleil. L’éclairage artificiel est déterminant pour profiter de votre terrasse le soir :

  • Lumière fonctionnelle : proche de la porte-fenêtre ou de la cuisine, pour voir ce que l’on fait (manger, cuisiner, lire).
  • Lumière d’ambiance : guirlandes, lanternes, appliques murales à lumière chaude. Évitez l’éclairage blanc froid qui rappelle un parking.
  • Éclairage bas et indirect : spots dans les jardinières, petits luminaires au sol ou sur les marches. Ils créent de la profondeur sans éblouir les voisins.
  • Des luminaires solaires ou rechargeables peuvent suffire sur une petite terrasse, surtout si vous ne voulez pas engager de travaux électriques.

    Préserver l’intimité sans se couper du ciel

    Le vrai défi des terrasses en ville, c’est le vis-à-vis. On ne veut ni vivre sous le regard des voisins, ni se retrouver enfermé derrière des palissades opaques. C’est là que le regard d’architecte est précieux : l’enjeu, ce n’est pas de se cacher, c’est de cadrer les vues.

    Avant d’installer quoi que ce soit, demandez-vous :

  • Depuis où êtes-vous observé (fenêtres en face, balcon voisin, terrasse surplombante) ?
  • À quels moments (matin, soir, week-end) ?
  • Quelles vues positives souhaitez-vous conserver (ciel, arbre, toiture, paysage lointain) ?
  • Quelques stratégies efficaces pour filtrer les vues :

  • Claustras ajourés : en bois, métal ou composite, ils masquent les regards directs tout en laissant passer la lumière et le vent.
  • Jardinières hautes et plantes structurantes : bambous en variété non traçante, graminées, lauriers, photinias, arbustes sur tronc… Ils filtrent sans faire « mur végétal » étouffant.
  • Treillis avec grimpantes : jasmin étoilé, clématites, chèvrefeuille… Moins lourds qu’un rideau de feuillage permanent, surtout sur balcon.
  • Verrières, panneaux en verre dépoli ou polycarbonate : pratiques pour les vents forts, tout en préservant la luminosité.
  • Parfois, il suffit de protéger uniquement l’assise principale (banquette ou fauteuils) : vous êtes à l’abri des regards une fois assis, sans pour autant enfermer toute la terrasse.

    Attention toutefois aux règlements de copropriété et au PLU : la hauteur et le type de protection peuvent être réglementés, notamment en façade sur rue ou dans des secteurs patrimoniaux.

    Choisir les bons matériaux : durables, confortables, adaptés à la ville

    En toiture-terrasse ou sur balcon, les matériaux ne se choisissent pas que sur critère esthétique. Ils doivent résister au soleil, à la pluie, à la pollution… et parfois au manque d’entretien. Le tout, sans surcharger la structure.

    Pour le sol, les solutions les plus courantes :

  • Dalles sur plots : en grès cérame, béton ou bois composite. Stables, drainantes, elles permettent de remettre le support à niveau sans l’abîmer.
  • Caillebotis bois : chaleureux et faciles à poser, mais demandent un entretien régulier (surtout en exposition sud ou ouest).
  • Résine ou béton décoratif : plus technique à mettre en œuvre, mais très pérenne si bien réalisé. À faire faire par un professionnel.
  • Pour le mobilier, l’important est de trouver l’équilibre entre confort, esthétique et contraintes d’espace :

  • Mobilier pliant : parfait pour les petits balcons. Table pliante, chaises empilables, banc-coffre.
  • Banquettes intégrées : gain de place maximal. Elles peuvent servir de rangements pour coussins, arrosage, accessoires.
  • Matériaux résistants : métal traité, bois adapté à l’extérieur, résine tressée de qualité, tissus déhoussables et lavables.
  • En ville, je privilégie souvent des teintes neutres et claires pour les grandes surfaces (sol, murs, gros mobilier), et des touches colorées par les textiles et les plantes. Cela permet d’adapter la terrasse au fil des saisons sans tout changer.

    Composer un paysage végétal adapté à la vie urbaine

    Une terrasse sans plantes, c’est un peu comme un salon sans lumière : fonctionnel, mais sans âme. Toutefois, en toiture ou balcon, on ne peut pas planter comme en pleine terre.

    Les points à anticiper :

  • Poids : une grande jardinière en terre cuite remplie de terre mouillée, plus un arbre, pèse très lourd. On privilégie souvent des bacs en résine, métal léger ou bois, et on répartit les charges.
  • Arrosage : les plantes en pot souffrent vite de la chaleur et du vent. Un système d’arrosage automatique simple (goutte à goutte sur programmateur) change la donne.
  • Exposition : on ne plante pas la même chose en plein nord ou en plein sud. Certaines plantes grilleront très vite si l’orientation est mal anticipée.
  • Quelques familles de plantes intéressantes pour terrasses urbaines :

  • Graminées : miscanthus, stipas, pennisetums… Peu exigeantes, elles bougent avec le vent et adoucissent l’espace.
  • Persistantes structurantes : lauriers, photinias, éléagnus, buis ou alternatives (pour les formes taillées).
  • Grimpantes : jasmin étoilé (parfumé et persistant), clématites, rosiers grimpants, vigne vierge (à maîtriser).
  • Plantes méditerranéennes en pot : olivier, lavande, romarin, agapanthes, à condition d’un bon drainage.
  • Comestibles urbains : herbes aromatiques, petits fruits, tomates cerises sur balcon abrité.
  • Le dessin des plantations peut répondre à deux objectifs : créer des filtres (intimité) et composer des scènes visuelles. Depuis l’intérieur, qu’aimeriez-vous voir par la fenêtre ? Un arbre en pot, un alignement de graminées, une verticale de bambous ? Pensez à ces vues comme on compose un tableau.

    Gérer le bruit et les nuisances urbaines

    L’un des freins à l’usage des terrasses urbaines, c’est le bruit : circulation, voisinage, terrasses de café… On ne fera pas disparaître un boulevard, mais on peut améliorer le confort perçu.

    Quelques pistes :

  • Matériaux absorbants : bois, textiles, plantes, tapis extérieurs. Ils cassent les réverbérations sur les surfaces dures.
  • Rideau végétal : une bande de plantations denses crée un léger filtre acoustique, et surtout un effet psychologique de protection.
  • Fontaine ou point d’eau : un léger bruit d’eau masque partiellement certains sons urbains. À utiliser avec parcimonie, notamment pour ne pas gêner les voisins.
  • Organisation du plan : installer la zone de repos la plus éloignée possible de la source de bruit, même si cela implique de reconfigurer la terrasse.
  • À l’intérieur, un bon traitement des fenêtres (double vitrage performant, joints, rideaux épais) contribue aussi à rendre la transition intérieur/extérieur plus agréable.

    Anticiper les contraintes techniques et réglementaires

    Aménager une terrasse en ville a parfois des airs de parcours administratif. Quelques points de vigilance :

  • Copropriété : vérifiez le règlement avant tout changement visible depuis la rue (stores, pergolas, garde-corps, changements de couleur) ou toute fixation en façade.
  • Charge admissible : sur un balcon ou une toiture-terrasse, on ne surcharge pas sans avoir vérifié la structure, surtout si vous envisagez bacs lourds, pergola ou jacuzzi.
  • Étanchéité : ne jamais percer ou fixer dans une étanchéité de toiture sans avis technique sérieux. Une fuite chez le voisin du dessous annule tous les plaisirs de la terrasse.
  • Évacuation des eaux : ne pas obstruer les évacuations. Prévoyez un sol drainant, surtout sous les dalles sur plots.
  • Pour certains projets (pergola fixe, gros travaux, modification de garde-corps), une déclaration préalable ou l’avis de la mairie peut être nécessaire, notamment dans les secteurs protégés. Là encore, un accompagnement par un architecte sécurise le projet.

    Quelques scénarios concrets pour s’inspirer

    Pour rendre tout cela plus tangible, voici trois situations que je rencontre souvent en ville.

    Petit balcon de 4 m², exposé Ouest, en vis-à-vis direct

  • Installation d’un claustra ajouré sur un côté, avec une jardinière de graminées et une grimpante parfumée.
  • Table pliante fixée à la rambarde + deux chaises empilables.
  • Tapis extérieur et coussins pour un usage « salon » le reste du temps.
  • Guirlande lumineuse en hauteur + petite lampe rechargeable sur la table.
  • Terrasse de 15 m², exposée Sud, très ensoleillée, au dernier étage

  • Pergola légère adossée à la façade, partiellement couverte par une toile ou des canisses.
  • Banquette maçonnée ou en bois intégrée le long du garde-corps, avec rangements.
  • Deux zones : coin repas sous la pergola, coin détente plus ensoleillé avec transats.
  • Plantes méditerranéennes en grands bacs légers, arrosage goutte à goutte.
  • Toiture-terrasse de 25 m², exposée Est, ouverte sur la ville

  • Dalles sur plots pour remettre le sol à niveau, avec un dessin simple (grandes dalles claires).
  • Claustras partiels sur les côtés les plus exposés aux regards.
  • Grandes jardinières linéaires avec arbustes persistants et graminées pour cadrer la vue.
  • Salon extérieur modulaire + petite table de repas 4 personnes.
  • Dans chaque cas, la logique est la même : analyser, cadrer, structurer, plutôt que simplement « meubler ».

    Une terrasse urbaine réussie ne tient pas à la surface disponible, mais à la qualité des choix que vous faites : orientation, ombre, vues, intimité, matières, végétal. Pensée comme une pièce à part entière, elle devient un refuge au-dessus de la ville, un lieu où l’on respire, où l’on accueille, où l’on vit vraiment dehors. Et c’est là que l’architecture, même à petite échelle, change le quotidien.

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